Une amorce...
dans le vocabulaire du cadre, est une partie d'un élément composant l'image qui est placé devant la caméra (en premier plan) : objet, meuble, plante, accessoire... ou une personne, n'occupant que partiellement cette image.
La forme la plus "classique" de l'amorce est employée dans le cas de prises de vues en champ contre-champ, lors d'un dialogue entre deux comédiens face à face. Alternativement (par le montage) les plans se succéderont, sur l'un et l'autre personnage, et une partie du corps de l'acteur qui n'est pas cadré, occupera le bord du cadre, son épaule par exemple qui sera floue. Le point (la netteté) étant fixé sur l'acteur filmé, bien présent dans le cadre. On dira que l'épaule du comédien est en amorce, droite cadre, par exemple. La composition du cadre déterminera l'importance de l'amorce et sa place, souvent très précise, sera donner par le cadreur avec parfois une correction légère pendant la prise de vue... en touchant (hors champ) délicatement l'acteur pour le déplacer imperceptiblement. L'amorce aide le spectateur à se repérer dans l'espace, et à comprendre le point de vue représenté par le plan (caméra subjective par exemple) : amorce de pare-brise pour découvrir le paysage vu par le chauffeur, amorce d'un coin de mur pour le regard de celui qui espionne, amorce des sacs de sable signifiant la vision du soldat allongé... jusqu'au frimant pris en amorce pour cacher une partie des "coulisses", des installations techniques ou une partie de l'espace impossible à filmer (anachronisme, partie peu intéressante du décor, élément gênant indémontable...). L'amorce (souvent floue), donne une sensation de profondeur et de relief, plus ou moins prononcée.
Philippe de Vaucelles est en amorce droite cadre
Le pied de projecteur et l'échelle sont en amorce
On parlera aussi d'amorce à propos d'un type bien particulier de pellicule positionnée en début ou en fin de film. Elle permettra, comme amorce de début, d'entraîner derrière elle l'image ou le son, ou les deux. Pour permettre le passage du film dans la mécanique complexe d'un projecteur, l'amorce précède le support sur lequel sont les informations (les images et les sons), comme une sorte de guide, bande neutre, souvent opaque ou peu translucide. Elle permet ainsi au film de rejoindre la bobine réceptrice de l'installation, tout en donnant une marge d'avance sur la "lecture" de ce qui est projeté ou écouté. Le film peut ainsi se stabiliser dans le couloir de projection, ou la bande son défiler régulièrement, après que l'amorce soit elle-même passée dans le circuit complet. Une amorce peut être collée aussi en fin de film, pour permettre à celui-ci de rester bien stable jusqu'à la dernière image. Des inscriptions peuvent figurer sur l'amorce pour identifier le nom du film. Les copies (définitives) destinées à la projection ont une amorce noire avec parfois le décompte de 10 à 4, laissant trois unités dans le noir complet juste avant la première image du film. Les amorces existent en blanc, noir, bleu (plus fine pour le son magnétique), rouge pour la fin de bobine...
Amorce 35 mm noire de début
Amorce 8 mm
Amorce Super 8
Amorce 9,5 mm
Amorce 16 mm
Quelques exemples parlant :
- "Il faut un peu de feuillage en amorce pour cacher le travelling en fin de plan... !" - "Y'parrait que j'vais être en amorce avec mon chapeau... ma mère risque pas d'me voir à la télé !" - "J'ai son épaule en amorce, y'faudra la brosser, y'a pas dans la caméra qu'y'a des pellicules, j'vois qu'ça sur le pull noir !" - "Heureusement qu'j'avais collé une longue amorce, le projo l'a massacrée.... de la charpie ! Mais le film n'a rien !"
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Apocopes