Les MOTS du PLATEAU

clap illustration

Clap

Un Clap...
ou claquette, est une ardoise munie d'une planchette mobile, articulée par une charnière fixée à l'extrémité de l'une de ses longueurs. Une bande de chevrons noirs et blancs est peinte sur la longueur du bas de l'ardoise ainsi que sur cette "claquette" mobile. Lorsque le clap est fermé, les chevrons se rejoignent en formant une série d'angles alignés. Les claps les plus traditionnels sont en bois, peints de noir mat, les inscriptions y sont faites à la craie, d'autres sont en Plexiglas blanc avec l'utilisation de feutres effaçables, leur translucidité permet de les éclairer en contre-jour. Il existe également des claps électroniques, avec un compteur digital lumineux et plus récemment des possibilités de synchro avec une tablette ou même un téléphone. Les claps permettent l'identification du plan tourné et la reconstitution de la synchronisation entre image et son.

Clap

Avant de porter le nom de Clap (ou claquoir, dès les débuts du parlant) et d'exprimer ainsi le bruit caractéristique enregistré sur la bande sonore, une simple ardoise était devenue nécessaire pour les films muets dont les plans étaient parfois tournés sans respect d'une chronologie liée au déroulement de l'histoire mise en image. Les ardoises (appellées aussi tableau noir) présentées en début de chaque plan, permettaient au monteur un repérage d'indentification des prises de vues. L'arrivée, à la fin des années vingt, du film sonore, a nécessité l'ajout de la claquette, permettant ainsi d'enregistrer le son produit par le claquement de la partie mobile sur l'ardoise elle-même. Le film et la bande son étant séparés lors du tournage, la synchronisation des deux supports (pellicule 35 mm et bande magnétique) pouvait être effectuée. À l'image des chevrons se rassemblant correspond le son du claquement, ces points communs précieux, entre prise de son et prise de vues, sont l'indispensable repère pour le travail de montage, permettant de synchroniser l'image avec la bande son correspondante. Le Clap est devenu le symbole même du Cinéma et peut-être un des seuls qui lui soit propre avec la caméra. Les différentes activités humaines, principalement dans les domaines du Spectacle et de la Photographie, ont donné au Cinéma beaucoup d'apports qu'il a su adapter à sa technique bien spécifique. Seules les photographies effectuées lors d'une entrée en détention ont une similitude avec l'utilisation de cette ardoise où s'inscrivent lettres et chiffres !

Le clap, présenté par Pascal Louquet, est éclairé en contre-jour grâce au Plexiglas translucide

Le clap, présenté par Pascal Louquet, est éclairé en contre-jour grâce au Plexiglas translucide

Traditionnellement, en France, ce sont les machinistes qui sont en charge du clap sur le tournage, le nom de clapman n'est pas utilisé. Aux États-Unis, un des assistants opérateurs assure cette fonction de Clapper-loader. Être responsable du clap implique un véritable suivi du déroulement du tournage, une anticipation permanente afin de "charbonner" à temps son clap (terme emprunté au jargon des électros qui changeaient les charbons des projecteurs à arcs). Le machiniste interroge la Scripte pour connaître le numéro du plan, il va donc inscrire sur le clap : ce numéro et dans la case prévue (à côté), le numéro d'ordre de la prise de vue à effectuer. De façon permanente (peints à même l'ardoise ou marqués sur du Gaffer blanc) figurent aussi : le titre du film, le nom du réalisateur et celui du chef opérateur de prises de vues. Parfois des indications complémentaires figurent également sur le clap, nécessaires pour les travaux de post-production : Nuit - Aube - Muet - Son Témoin - et aussi : le nom de la Production, le numéro de magasin de la caméra, la date... La variété des angles de prises de vues (champ plus ou moins large) oblige à disposer de plusieurs claps de tailles différentes. Lorsque le champ de la caméra couvre un espace trop large pour que le clap soit "lisible", (ex. : en plongée depuis les étages d'un bâtiment), il est possible de filmer sur une feuille de papier, à l'étage, l'identification seule (en muet) avant de lancer le tournage du plan, et d'effectuer la claquette avec deux simples battants de bois de très grande taille, sur lesquels sont peints les chevrons noirs et blancs. Le machiniste annoncera alors normalement et fera claquer ces deux morceaux de bois (sans ardoise), très énergiquement.

Le clap est présenté devant la caméra par l'un des machinites lorsque le "moteur" est demandé. Il doit être bien lisible : chiffres et lettres bien écrits, assez présent dans l'image et suffisamment net et éclairé, ne renvoyant pas de reflets de projecteurs ou du soleil. Le réalisateur lance : - "Moteur !", le chef opérateur du son (ingénieur du son) répond "Ça tourne !" en démarrant l'enregistrement, puis le premier assistant-opérateur, s'adressant au machiniste, lui dit : "Annonce !", celui-ci à haute voix annonce le numéro du plan et le numéro d'ordre de la prise de vues, comme par exemple : "56, première !", d'autres indications sont parfois annoncées aussi (titre du film, et spécifications diverses pour le son). A ce moment, le premier assistant opérateur lance le moteur de la caméra, juste avant que le machiniste ne fasse percuter la claquette en bas du clap en la laissant retomber aussitôt (Aux États-Unis, la claquette est sur le dessus du clap et elle reste "fermée" après qu'elle soit tombée). Puis le machiniste quitte très rapidement le champ de la caméra, vers une place "d'atterrissage" qu'il a bien repérée à l'avance, hors champ.

Frédéric présente le clap en début de prise, le micro vient le 'chercher'

Frédéric présente le clap en début de prise, le micro vient le "chercher"

Lorsque le clap est "fait", le machiniste sort donc du champ à la vitesse de l'éclair ! Il peut, suivant la valeur de plan, se baisser tout simplement, faire un pas sur le côté, disparaître sous un meuble, derrière un rideau, une porte, une feuille de décor... Ou courir un moment avant d'être hors cadre. Cet instant "d'évacuation" ne doit pas excéder quelques fractions de seconde, car pendant ce temps le film se déroule dans la caméra, et il sera développé au laboratoire ! Sur un long métrage, le budget du clap (ce qu'il représente en métrage de film) est assez impressionnant ! Le cadreur est parfois obligé d'aller "chercher" le clap, le machiniste ne pouvant accéder au champ de la caméra.... Bord de quai, plongée par une fenêtre... Il arrive aussi que l'assistant opérateur soit obligé de modifier le réglage du point, ou la focale du zoom, pour rendre lisible le clap. Suite au clap, lorsque ces petites manœuvres de dernier moment ont lieu, le cadreur (ou son assistant) prendra un très court instant pour ajuster son cadre, en avertissant qu'il est prêt, laçant à la mise en scène : "Cadré !". C'est seulement après tout ce "protocole" de démarrage obligatoire, et adapté à chaque situation particulière, que le réalisateur pourra donner ses ordres aux acteurs : "Partez !" ou "Action !"....

Le machino 'charbonne' le clap !

Le machino 'charbonne' le clap !

Variations pour un CLAP :

- 2e Clap : lorsque la caméra n'a pas été lancée assez vite après l'annonce faite par le machiniste, elle n'a pas filmé le moment où les chevrons se rejoignent (moment du clap précisément) ; l'assistant opérateur demande alors rapidement à voix haute : "Deuxième clap !", sans refaire l'annonce, le machiniste fait à nouveau claquer son clap en disant : "Deuxième clap !". Ce second claquement sera considéré comme le "bon" pour la synchronisation image et son, car les deux claps ont été enregistrés, mais l'image n'a filmé que le 2e.

- Clap de fin : par nécessité de lancer la caméra et l'enregistrement sonore sans perte de temps, et souvent sans maîtrise du sujet à filmer (plans avec des animaux, des enfants, des phénomènes naturels...), lorsque le cadrage est très délicat à réaliser, le machiniste se préparera à présenter le clap "la tête en bas" en fin de plan, avant que la caméra ne soit arrêtée et en commençant par actionner la claquette. Il fera ensuite l'annonce en ajoutant après les chiffres : "Clap de fin !". Au début de la prise, on annoncera à voix haute "Clap de fin !", cette indication sonore aidera à ne pas perdre de temps à rechercher le clap lors de la synchronisation image et son. Si par mégarde la caméra se trouve arrêtée avant que le machiniste ait eu le temps de faire le clap, il annoncera les numéros du plan (pour le son) et ajoutera : "Annonce de fin, sans clap !".

- Clap muet : revenant à l'usage de l'époque des films muets, lorsque seule la caméra tourne, le machiniste présentera le clap fermé en y inscrivant éventuellement "Muet". Il pourra être filmé avant, indépendamment du plan lui-même. C'est une simple identification.

- Pour le son : suivant les techniques d'enregistrement sonore, le machiniste annoncera en complément, certaines indications concernant le son : "Son témoin, Play-back !" pour le play-back, "Son témoin !", pour les ambiances sonores inutilisables en direct ou les dialogues que l'on prévoit de refaire en post-synchronisation... Lorsque le micro (souvent en bout de perche) se trouve loin du machiniste, celui-ci devra porter sa voix en se tournant vers le perchman, et en faisant claquer le clap plus fortement ; une personne proche du micro pourra même dire l'annonce pour le machiniste, il restera à celui-ci à faire claquer bien fort le clap.

- Pour les caméras : lorsque deux (ou plusieurs) caméras tournent en même temps, le machiniste l'annoncera à haute voix. Il y aura donc une seule bande son pour plusieurs pellicules image.

- Pour le laboratoire : lorsque que l'on fait des essais particuliers (en cours de tournage), concernant l'image, filmés en dehors du découpage prévu, il sera indiqué sur le clap le chiffre 0 (zéro) et le mot "Essai", cette prise de vue particulière figurera sur le rapport laboratoire rédigé par la Scripte. C'est un "Clap Zéro".

- En anglais : Clapper, clapper-board, board, slate, camera slate.

- En français : le verbe Clapper qui trouve son origine dans l'onomatopée suggérant le bruit sec de la langue qui se détache brusquement du palais (Clappement). En argot commun, la clape est la nourriture.

Lorsque le machiniste est occupé au moment des prises de vues, pour un travelling par exemple, il confiera le clap à une autre personne du plateau, le premier assistant réalisateur, le chef opérateur.... en s'assurant qu'il est bien accompagné d'un chiffon, d'une craie ou d'un feutre. Pour les plans effectués caméra embarquée, ou en voiture tractée, ce sont les comédiens qui font le clap de leur place. Les novices à qui était confié le clap, devaient se méfier des "pièges" des anciens... une agrafe discrète empêchant d'écarter la claquette ou un petit morceau de carton bloquant la charnière... ! Jamais on ne doit attendre le clap ! Sur des tournages "légers", sans clap, on fera claquer ses mains devant la caméra à l'horizontale, en annonçant la nature du plan, ou moins recommandable, on tapera sur le micro avec sa main en le présentant un instant devant l'objectif !

Clap : c'est aussi le nom d'une publication périodique du SPIAC cgt
(Syndicat des Professionnels des Industries de l'Audiovisuel et du Cinéma)

Clap, publication périodique du SPIAC cgt

Quelques exemples parlant :

- "Ne pose pas le clap n'importe où ; si tu mets une plombe à l'retrouver, ça va criser !" - "Vas pas claquer trop fort ton clap, t'es à dix centimètres du comédien !" - "Attention dès que le chat se pointe on tourne, ça sera un clap de fin." - "Incline ton clap, ça brille, on peux rien lire !" - "Après le clap, tu disparais dans la foule au milieu de figurants, en le plaquant bien contre toi !". "Y'a Jojo qu'a le rhume, fais le clap à sa place, le monteur pourra pas comprendre l'annonce avec son nez bouché !".

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