Les MOTS du PLATEAU

Les passerelles...
sont des allées de circulation en bois (aux lattes ajourées), suspendues au-dessus des décors en suivant leur contour. Elles permettent aux électriciens de travailler pour l'installation et le réglage des projecteurs.

Ces derniers sont fixées sur les passerelles au moyen de platines particulières qui les positionnent légèrement en déport dans le vide. Sous chaque projecteur une petite ardoise peut être ajoutée pour y inscrire le numéro de celui-ci. Les passerelles font un circuit qui peut correspondre à tout le périmètre du décor ou seulement aux longueurs de ses parties hautes. De grands étriers de métal les soutiennent, ils sont eux-même fixés dans le grill du plateau. La stabilité générale de toutes les passerelles est assurée par des points d'appuis sur les murs. Une équipe de machinistes de construction spécialisés, les "passerellistes", met en place ce circuit de passerelles avant l'élévation des décors, d'après le traçage au sol des emplacements des feuilles, fait par le chef constructeur. Un garde-fou est fixé de chaque côté des passerelles et des échelles sont prévues pour accéder aux différents niveaux du décor.

Ce lieux de travail très élevé permettait aux électros d'avoir un poste d'observation privilégié à l'abri des regards. Les personnes au sol étant dans le feu des projecteurs, elles ne pouvaient pas distinguer celui qui se trouvait derrière les projecteurs dans la pénombre. À la façon d'un navire renversé, le travail en passerelles pourrait être comparé à celui de la salle des machines, dans une chaleur étouffante et l'isolement du reste de l'équipage... le bruit et le tangage en moins !

Sur un plateau de studio, il y a le travail des électriciens à la face et en passerelles. La chaleur accumulée à hauteur des passerelles peut devenir insupportable. Le travail sur les projecteurs doit être fait avec beaucoup d'attention par celui qui est "en altitude", parfois à plus de 12 mètres, au-dessus du sol, pour sa sécurité personnelle et pour ceux qui sont en dessous, lors de la munipulation d'accessoires (volets, mamas...) et d'outils (pinces, tourne-vis...). Sur les grands et hauts plateaux (le "F" à Épinay, le "2000" à Bry) lorsque de très grands décors étaient construits, il fallait environ 15 minutes, à un électricien, pour regagner le sol ! Il devait quitter sa passerelle par le haut du plateau, puis traverser le grill (à 17 mètres de haut) et reprendre l'échelle d'angle, pour la redescendre barreau par barreau. Un petit monde à part se vivait en passerelles... on y montait de quoi boire, de quoi manger et parfois de quoi lire... ou dormir ! Lorsque qu'un ronflement se faisait entendre, le chef frappait le montant du décor sous la passerelle du dormeur... pour obtenir le silence !